Biographie Complète de Josée Billard
Une biographie musicale
1957 : « Une enfant de l’amour »
C’est ainsi que l’on appelle à cette époque un enfant dont les parents n’étaient pas mariés quand ils l’ont conçu ….Voir les photos du mariage de mes parents dans la vidéo de la chanson « On a trop de cheveux blancs ». Ils quittent leur village natal, Soyers en Haute-Marne, et s’installent à Kédange-sur- Canner en Moselle où mon père a été nommé facteur. Je nais à Bouzonville.
1958-1959 : « Une grand-mère extraordinaire »
Mes parents m’amènent à Soyers et me confient à ma grand-mère maternelle car ma mère, enceinte de son deuxième enfant, tombe gravement malade après l’accouchement. Ma grand-mère a une très jolie voix qui enchante les villageois et elle m’apprend de nombreuses chansons. Je pleure car je n’arrive pas à prononcer le mot « caoutchouc » quand je chante « Elle avait une jambe en bois » du fameux Dranem ! Hélas ma grand-mère meurt deux jours avant mon deuxième anniversaire, c’est un vrai choc pour tous car elle n’avait que cinquante-cinq ans et était adorée de tous. Je retourne vivre avec mes parents.
1959- 1967 : « Une fille des H.L.M. : papa, maman, la musique et moi»
Ma mère devient dépressive en Moselle, elle ne comprend pas le dialecte proche de l’allemand que parlent les habitants, elle est trop loin de sa famille et veut retourner en Haute-Marne. Mon père est nommé en 1960 au nord du département, à Montier-en-Der. Nous irons bientôt habiter dans une de ces H.L.M. qui poussent comme des champignons pendant ces Trente Glorieuses. Mon père est un papa « d’avant-garde » car il promène ses enfants, les emmène aux bains publics … Catholique pratiquant, il vient nous faire réciter nos prières chaque soir avant le coucher, puis il nous chante une chanson populaire ou bien il nous joue un air sur son harmonica. Bien vite, je préfère les chansons aux prières ! Ainsi, je serai bercée par « Les enfants du Pirée », « Ma cabane au Canada », «L’eau vive » … Ma mère et athée et ne chante pas mais … elle siffle, surtout les airs de films qu’elle a vus plus jeune comme ceux du célèbre film « Le pont de la rivière Kwaï ». Un matin, alors qu’elle siffle en étendant son linge, elle entend une femme rire aux éclats derrière elle. C’est sa voisine : « Ca alors, c’est vous qui sifflez ! … Et moi qui croyais … chaque matin, après le départ de votre mari, j’entendais siffler chez vous, alors je pensais qu’un autre homme venait vous voir ! ».
Comme nos parents mettent leurs quatre enfants en « colo » pendant un mois l’été, nous avons appris beaucoup de chansons là-bas ; mes sœurs et moi adorons les chanter (mon frère moins) et au cours des mariages nombreux dans la vaste famille de mes parents, nous n’hésitons pas à monter sur les tables et à chanter ensemble.
A l’école, j’ai appris à lire dès la maternelle et j’ai donc sauté le C.P.
Je pourrai passer en sixième à dix ans.
1967 : « J’ai dix ans : premières compositions»
Pas de chance ! Je suis tombée malade pendant le deuxième trimestre de mon CM2 et je dois redoubler. Comme je m’ennuie beaucoup pendant cette année de redoublement, je commence à écrire des chansons. En même temps, je chante au catéchisme et dans la chorale à l’église car je prépare ma communion solennelle. De temps en temps, j’interprète mes chansons devant mes camarades d’école ou de « caté » et parfois devant les maîtresses d’école. Mon modèle, ma source d’inspiration ? Mireille Mathieu. On dit que j’ai sa voix et je l’imite volontiers : « Oui, je crois … ». Ce « Crédo » avait été l’année précédente son premier grand succès.
1968-1972 : « Les années collège : du classique »:
Alors que la révolution gronde dans les rues de Paris, je découvre la musique dite « classique » grâce à une copine dont la mère est institutrice : « Le vol du bourdon », « Le lac des cygnes » … Je suis impressionnée … mais je préfère Mireille Mathieu ! Je chante et j’imite toujours mais je n’écris plus guère car je fais du théâtre avec des amies et nous écrivons nos propres petites pièces comiques.
1972-1975 : « Au lycée : la découverte des grands … et de l’amour»
Je suis interne au lycée St Exupéry à St Dizier. En classe de première littéraire, grâce à mon prof de français, Monsieur Teston, je découvre Brel et Brassens. Je fais un exposé sur la mort dans les chansons de Brassens. Son humour sur un sujet si grave mais aussi la vérité de ce qu’il chante me marquent profondément. Quand je composerai « La mort en face », même si c’est sur un air de rock, je repenserai peut-être inconsciemment au style de Brassens. Notre prof est aussi poète et comme lui, j’écris beaucoup de poèmes et parfois des mélodies se collent dessus, mais je garde tout cela secret dans mes journaux intimes, des petits carnets noirs à élastique qui ne me quittent jamais.
« On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » : premières « boums » au lycée, premières amours pendant les « colos » où je suis « monitrice ». Michèle, une fille de prof, me fait écouter « Ferrat chante Aragon ». Un choc. C’est le troisième grand que j’écouterai en boucle. Qui me fera connaître Anne Sylvestre et Barbara à la même époque ? Je ne me le rappelle pas, mais je deviens vite une fan de ces deux phares qui éclaireront ma route d’artiste.
En terminale, voyage en Russie avec notre prof de russe : j’y gagne un concours de chant franco-russe en interprétant « Etincelle demoiselle », un chant de veillée appris pour les colos ! J’en suis très fière.
1975-1977 : « A la fac de Lettres et d’allemand : découverte de la scène »
En fac à Reims, je passe peu de temps en cours, car j’ai l’impression de connaître presque tout ce que l’on nous enseigne et ce qui est nouveau m’ennuie. Comme je touche un salaire d’élève-professeur (après avoir réussi un concours pour devenir prof de collège), j’ai suffisamment d’argent pour me payer une chaîne stéréo, des disques et des places de concert, à Reims ou à Paris. Je vais écouter Véronique Sanson, Georges Moustaki, Henri Tachan, Greame Allwright, et surtout Anne Sylvestre, pas moins de trois fois … Grâce à une amie parisienne, j’assiste aux débuts de Bernard Lavilliers à l’Olympia en 1977. Les artistes sur scène me fascinent, comme j’aimerais être à leurs côtés … ou mieux à leur place ! La communion avec le public est parfois totale, ce que j’aime avant tout c’est ce partage d’idées et surtout d’émotions qui font du bien … même quand on pleure ! J’aime aussi Bob Dylan, les Beatles, Leonard Cohen … dont je chante les chansons avec mes ami-e-s.
1977-1978 : « Assistante de français : petite catastrophe »
Je pars pour Bad Schwartau près de Lübeck en Allemagne où je dois rester un an comme assistante de français dans un lycée. Comme mes valises sont très lourdes, je les envoie en « bagages accompagnés » par le train. Elles n’arriveront jamais à destination, volées quelque part en France ou en Allemagne. Pour moi, c’est une petite catastrophe car dedans j’avais mis mes journaux intimes, tous mes carnets de poèmes et chansons. Rien ne sera retrouvé. J’ai la sensation de perdre une partie de mon enfance et de mon adolescence. Je recommencerai à écrire quelques mois plus tard mais le cœur n’y sera plus … Pourtant je chante encore, surtout du Brassens avec un amoureux allemand qui joue de la guitare et adore cet artiste.
1980 : « Mort de Bruno : grande catastrophe »
Je suis revenue depuis un an en France où je termine ma formation de prof quand peu avant ma première rentrée, mon frère est tué dans un accident de la route. Il avait vingt ans. Juste avant sa mort, il m’avait offert le dernier disque de Jacques Brel … Ma mère ne sifflera plus et je n’aurai plus envie de chanter pendant longtemps.
1981-2004 : « Mariage, enfant, boulot : où est la musique ? »
Encore sous le choc de ce décès brutal, je perds la tête et me raccroche à ce qui fait la vie : l’amour. Je crois le trouver en Christian, un Parisien venu s’installer à la campagne et qui travaille dans le collège où j’enseigne. Je l’épouse alors que que je le connais à peine. Son emprise sur moi est totale. Bien vite, je romps avec ma famille alors que j’attends un enfant, Jean-Baptiste.
En 1984, nous quittons la campagne pour venir habiter à Dijon.
Des années vont s’écouler, faites de petits bonheurs et de pas mal de galères. La musique, c’est surtout alors l’opéra et la musique baroque que je découvre grâce à mon mari. Je rêverais de chanter Monteverdi, Rameau ou Mozart, je me dis que dans un autre milieu j’aurais pu devenir cantatrice … Mais il est trop tard, et de toute façon je n’en aurais pas le temps. Mon travail de prof, mon fils qui se révèle autiste, mon mari hypocondriaque absorbent beaucoup de mon énergie. Tout en exerçant mon métier, je reprends aussi des études pour devenir uniquement prof de Lettres (l’enseignement de l’allemand m’a vite lassée) et mieux gagner ma vie car Christian ne travaille pas. Je n’écris presque plus, je ne reprendrai mon journal intime qu’en 1993 après avoir fini ma thèse … de temps à autre un poème que je partage parfois avec mes élèves.
2004-2013 : « Nouvelle vie … et grand bain africain »
Je quitte mon mari pour vivre un autre amour. Malgré son handicap, mon fils a eu son bac, je me sens plus libre même si je m’inquiète pour l’avenir de ce garçon fragile.
La musique n’est plus qu’un à côté. Je vais à des concerts, surtout de musique classique, mais en écoutant la radio je découvre aussi Moriarty ou Agnès Bihl que j’irai écouter sur scène.
Et puis, à partir de 2008, c’est l’Afrique qui va faire renaître mon désir d’écrire et d’interpréter des chansons car là-bas la musique est partout et se vit au quotidien, tout comme la danse. Voyage à Madagascar, missions de solidarité et de développement au Mali, au Sénégal, au Burkina Faso … C’est dans ce dernier pays, en 2013, que je rencontre Harouna Thiombiano, guitariste et auteur-compositeur à qui je vais chanter quelques-unes de mes chansons. Il est conquis, accepte de m’accompagner et me présente à ses amis musiciens africains qui m’encouragent à continuer.
2013-2016 : «Josée Billard : premiers pas sur scène»
En 2013, je quitte mon compagnon et m’engage davantage dans la musique et dans les actions de solidarité avec l’Afrique.
En 2014, j’interprète au Burkina mes chansons avec Harouna dans un cadre privé devant un public franco-africain, puis à Dijon quelques compositions au resto-bar « Salsapelpa » qui accueille chaque mardi les amateurs voulant se produire en public. Cette première m’enchante mais me fait prendre conscience de mes lacunes et faiblesses sur le plan de la technique vocale : je décide de prendre des cours de chant.
Le 7 avril 2015, à l’occasion d’un concert que j’organise au lycée Le Castel avec le Club Unesco pour collecter des fonds, j’ai la chance de rencontrer Yves Jamait venu chanter gracieusement au bénéfice de nos projets. La chorale du lycée l’accompagne pour trois chansons, c’est le bonheur ! Grâce à notre chef de chœur, je rencontre Malika Marchand qui devient ma prof de chant. Pour le club Unesco, j’ai écrit des chansons sur l’Afrique que les jeunes ont interprétées en première partie du concert d’Yves Jamait. Je me sens pousser des ailes …
Mais il me manque des musiciens et quelqu’un capable d’écrire les partitions des mélodies que j’ai en tête, d’en faire les arrangements aussi. Le hasard fait qu’à l’été 2015 je le trouve tout près du village de mes parents alors que je l’avais cherché en vain à Dijon malgré toutes mes démarches et annonces … Jack Hygan sera déterminant dans mon projet de me lancer en concert. Il est tout de suite séduit par « Juste un peu » et par ma voix que je commence à travailler avec Malika. Puis par « Tata Paulette » qui lui donne la chair de poule, dit-il, tant elle l’émeut. Nous enregistrons dans son studio en sous-sol de sa maison et je me mets en quête de musiciens. Je cherche avant tout un(e) accordéoniste car les mélodies naissent toujours en moi sur un son d’accordéon … Difficile, j’essuie un nombre incalculable de refus, certains n’aiment pas la chanson française, d’autres ont une famille ou d’autres projets qui les accaparent. Je désespère un peu mais ne renonce pas. Finalement, grâce à mes connaissances, quelques musicien-nes s’agrègent au projet de concert qui doit se faire au printemps 2017 : deux élèves du lycée, Dorine Chassagne à l’accordéon et Aurélie Salmon au piano, un amoureux de bossa nova Jean-Christophe Perny à la guitare, une violoncelliste expérimentée Cécilia Lerouge et une amie pianiste Isabelle Martin. Je répète avec chacun d’eux, parfois avec deux d’entre eux mais le temps passe et ils ne se rencontreront que pour la répétition générale ! Jack Hygan acceptera de venir jouer alors que des ennuis de santé le fatiguent beaucoup, sa guitare se mêlera tantôt à l’accordéon de Dorine, tantôt à la guitare de Jean-Christophe, tantôt au violoncelle de Cécilia.
2017 : « Enfin ! »
Fin avril 2017 : Bernard Manet, Président d’« Ecoles du Monde Dijon» et moi lançons les invitations pour le concert. «Ecoles du Monde » est une association qui œuvre à Madagascar pour l’éducation des enfants et l’autonomie des villageois. Le concert doit avoir lieu au bénéfice de cette association chez Evelyne Hamard et Bernard Manet à Dijon.
31 mai 2017 : répétition générale du concert.
1er juin 2017 : une cinquantaine de personnes sont accueillies pour ce concert dans la grande salle de l’appartement d’Evelyne et Bernard. La sonorisation est assurée par Robin Mory tandis que David Poulet prend des photos (il a fait l’affiche du concert) et que Benoît Kalka filme des séquences pour compléter celles qu’il a filmées la veille. L’idée est de produire quelques vidéos qui serviront à faire connaître mes chansons.
Passée la première chanson, je prends de l’assurance et je sens s’installer la complicité avec le public où je retrouve beaucoup de visages amis. J’y puise mon énergie et le désir de faire partager ce que je ressens.
Une soirée inoubliable, la réalisation d’un rêve vieux de cinquante ans !
Septembre 2017 : La retraite musicale ? Jamais !
Après avoir fait l’ouverture du festival « Cinétoiles » de Semur-en-Auxois le 1er septembre, j’ai l’honneur de donner un bref récital des chansons de Barbara le 12 septembre au cinéma « Eldorado » de Dijon, avant la projection du film d’Amalric. Une salle comble qui m’impressionne mais le bonheur est là, du « Mal de vivre » à « Perlimpinpin ». J’interprète aussi quelques-unes de mes chansons et peux proposer au public mon CD tout juste sorti du pressage. Mon fidèle David l’a conçu et a fait les photos du livret. Je suis fière de ce « live » malgré toutes mes imperfections.
Le 21 novembre, concert au Cabaret « Le Crusoé ». Je l’ai organisé pour y chanter mes nouvelles compositions et faire connaître le groupe « Yankadiyi », des amis venus du Burkina. Un grand moment de partage et de folie ! C’est aussi l’occasion de dire adieu à mes collègues et fans puisque je prends ma retraite de prof au 1er janvier 2018.
2018-2021 : L’amour s’en mêle … puis un drôle de virus.
Fin 2017, un Suisse rencontré à Dijon en 2016 vient me rendre visite. Il arrive à me convaincre qu’il est l’homme de ma vie. En 2018, je commence à partager mon temps entre la Suisse et la France, mon amoureux et mes parents âgés.
Je continue à chanter avec les jeunes du Club Unesco de Dijon et le 8 mars nous donnons un concert au Théâtre des Grésilles de Dijon. Une expérience émouvante malgré les trop rares répétitions avec les lycéens.
Je chanterai une nouvelle fois le 5 mars 2019 au Théâtre de la Fontaine d’Ouche pour le collectif « Droits des femmes » de Côte d’Or. Quelle joie de faire entonner les refrains du « Tango de la mammo » aux spectatrices !
Entre temps, ma mère est décédée et mon père resté au village fête ses 90 ans le 7 juillet 2019. Occasion d’une célébration unique avec un papa qui semble avoir toujours chanté devant un micro. Incroyablement à l’aise, il se rappelle toutes les paroles apprises pendant sa jeunesse alors que sa mémoire quotidienne défaille. Il a encore une très belle voix qui roule les « r ».
J’ai maintenant trois fidèles musiciens pour m’accompagner, Annick, Angélique et Olivier, et nous prévoyons un concert à Dijon pour le 14 mars 2020. C’était sans compter sur l’épidémie de coronavirus et le confinement qui commence trois jours plus tard. Il nous faut déclarer forfait.
S’ensuit une période étrange : plus envie d’écrire des chansons, même de chanter. Mais je commence l’apprentissage de la guitare via des tutoriels sur Internet. Annick et Olivier enseignent leur instrument par téléphone ou vidéos , Angélique joue de l’accordéon chaque soir pour les confinés de son immeuble.
Mon amoureux suisse et moi avions décidé de nous marier à Bâle le 8 mai 2020. Pour y parvenir, je devrai passer la frontière en fraude. Une expérience marquante qui sera bien plus tard l’objet de la chanson « Nous voulions nous marier », tout comme celle du confinement, « On a mis des barrières aux gestes », composée un an jour pour jour après l’annonce du gouvernement.
2021-2022 : Enfin la reprise !
Nous reprenons les répétitions en octobre 2021 dans la perspective d’un concert en plein air le 6 août 2022. Si les chansons « marchent » auprès du public, nous enregistrerons en septembre un CD consacré avant tout à mon histoire d’amour avec Geri. Cette fois-ci, ce sera un enregistrement en studio. J’ai beaucoup travaillé ma voix et l’interprétation de mes textes avec une nouvelle prof de chant, elle-même auteure-compositrice. Je me sens plus à l’aise pour faire passer mes « histoires chantées ». David s’occupe une nouvelle fois de la charte graphique et Pascale, ma plus ancienne amie, m’offre un dessin pour illustrer le livret.
Le 6 décembre, le CD arrive enfin à la maison … Un nouveau souffle pour notre groupe ? Je l’espère !